Au delà du lexique de Yoni Queen...

Au fur et à mesure des discussions sur le lexique de Yoni Queen, d'autres besoins de nouveaux mots, au service du féminin, trop souvent décrié, sont apparus.

Des mots pas toujours directement liés à la sexualité, qui peuvent avoir du mal à trouver leur place dans le lexique érotique de Yoni Queen. Mais peut-être pourrait-on étendre le champ créatif ?

Certains besoins d'alternatives pourraient certainement servir l'humanité - comme tout ce qui renforce le yin sans déforcer le yang... Alors, à vos imaginations fertiles et à vos plumes déliées !



Ne plus parler de "tomber" "enceinte" ?

"Tomber" enceinte, comme s'il s'agissait d'une chute... voilà qui renvoie à l'époque pas si lointaine durant laquelle les femmes n'avaient pas la possibilité d'influer sur leur fécondité. La chute (morale,  en premier lieu) pouvait être douloureuse si la grossesse n'était pas désirée.

Mais connaissez-vous un mot positif pour parler de la fécondation et de ses suites ? Sans évoquer les enceintes ou les forteresses ? L'étymologie du mot "enceinte" renvoie à un "enserrement étroit"... ce qui ne correspond pas vraiment aux sensations éprouvées. A dire vrai, la future mère "porte" son enfant. On pourrait même dire qu'elle le transporte. Mais elle fait bien plus que cela... Autrement dit, en aucun cas elle "n'attend*" un enfant...  Le corps féminin accueille la semence du mâle puis l'embryon, il nourrit le foetus, en prend soin... Quel mot utiliser pour évoquer cette procréation souvent encore non assistée ?

On parle parfois de gestation, mais pas de "gestationner"... Avec raison, peut être ? La grossesse n'est en aucun cas un stationnement... et pas du tout un état stable. D'ailleurs, la maternité, pour certaines, commence seulement à la fin de la grossesse.

En résumé... de l'ouvrage il y a, pour mieux évoquer la réalité de ces moments de vie...

 

* Les hommes, eux, attendent peut être un ou des enfants. Utiliser la même expression pour décrire le vécu des femmes montre bien à quel point on est loin d'avoir pleinement entendu les femmes. 


Un nouveau mot pour le ou les "pères de nos enfants" ?

On l'appelle "L'ex", avec un grand L, un grand E, et un grand X peut être ?

C'est l'ex-compagnon ou l'ex-conjoint avec lequel nous avons eu un ou plusieurs enfants, avant la séparation, qui peut avoir été paisible - ou tourmentée.

Notre entourage sait de qui nous parlons lorsque l'EX est devenu le symbole d'une vie toxique révolue.

Mais si la séparation a pu donner lieu à une relation co-parentale constructive, alors le lapidaire "ex" n'est peut être pas le plus approprié, comme le faisait remarquer une certaine Marie M., promotrice de l'auto-louange.

Dans ce cas, quel vocable pourrait-on créer pour éviter la périphrase "le père de nos enfants" ?


"Faire" une "fausse couche", vraiment ???

Un collectif de femmes a déjà dénoncé l'usage de cette expression ancienne, qui semble remonter au XVIe siècle. Mais ce collectif n'a pas osé créer de mot réellement nouveau pour évoquer cet avortement involontaire, dont les causes ne sont pas toujours établies avec certitude. 

Cf. cet article paru dans le Monde en 2022 : https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/27/finissons-en-avec-l-expression-faire-une-fausse-couche-parce-que-rien-n-est-faux-et-que-tout-est-vrai_6119319_3232.html

"Finissons-en avec l’expression « faire une fausse couche » qui culpabilise et invisibilise. Parce que rien n’est faux, et que tout est vrai. Parce que nous ne « faisons pas les fausses couches », mais les subissons. Et que les mots pèsent sur nos esprits, dictent nos pensées et influencent nos actes. Parlons « d’arrêt naturel de grossesse ». Car c’est bien ce dont il s’agit et ce que nous vivons dans nos corps."

Un "arrêt naturel de grossesse" ? Est-ce vraiment l'expression la plus appropriée ?

Naturel certes - quoique - certains facteurs peuvent être tout à fait artificiels.

Arrêt involontaire serait peut être plus judicieux.

Sachant qu'une expression aussi longue a peu de chances de passer dans le langage courant.

La création d'un nouveau mot peut-elle aider à mieux vivre cette perte, qui varie du tout au tout selon les femmes, selon les familles et selon les cultures ?

C'est certainement un espoir - l'avenir dira s'il est réaliste.


Zapper les règles et les menstrues... pour vivre mieux !

S'il est un mot qui a fait couler... beaucoup d'encre et de sang, c'est bien celui qui tente de donner un nom à l'évacuation du "sang menstruel" (beaucoup plus riche en protéines que le sang veineux)l, ou plus exactement du nid créé le long des parois utérines pour accueillir un embryon - qui ne s'est pas présenté.

Les règles, périodes et autres menstrues n'ont rien d'appétissant. Alors même que cette génération d'un nid ultra-nourrissant contribue - directement - au développement du cerveau humain. On dirait presque qu'on y entend le "r" de râler, rouspéter, ronchonner... alors que cette période du cycle n'est pas toujours synonyme d'humeur maussade - pour certaines, c'est celle qui déclenche de nouveaux désirs, pour l'autre -- homme ou femme -- ou pour le cycle suivant.

Quelques cultures rendent hommage à la fertilité féminine, beaucoup la maudissent... au lieu d'honorer le vivant tel qu'il est - et tel qu'il pourrait se matérialiser au travers de nouvelles sonorités, images, connotations, etc. Alors on oublie le "r" ? On va vers le V de Vider ? le N de nid nettoyé ? 

Pour en savoir plus avant de se lancer à corps perdu dans la création, voici de quoi en savoir - beaucoup - plus sur les aspects scientifiques et culturels - Merci Arte ! 

https://www.arte.tv/fr/videos/115519-013-A/gachons-nous-le-sang-des-regles/


Et si on trouvait un autre mot pour la "ménopause" ?

La ménopause, littéralement, signifie la "pause" des "menstrues", autrement dit les "règles" (autre mot très moche, qui pourrait bénéficier d'une transformation-réhabilitation !).

Cette pause aboutit à une aménorrhée permanente - autrement dit le mot relève de l'euphémisme.

Tout en ne permettant pas de comprendre l'ensemble des changements associés à ce phénomène.

Or arrêt de la fertilité et bouleversement hormonal sont contemporains - et en partie liés.

Autrement dit, il y aurait lieu d'être créatives pour parler de ce qui est tout sauf une "pause" !


Les nullipares, ces pauvres nulles

Nullipare ou multipare ? Aucun de ces deux mots ne fait rêver. 

C'est le monde médical qui est à l'origine de cette douteuse distinction.

Du latin "nullus" (aucun) et "parer" (enfanter) - en français, le mot résonne comme une insulte.

 

La nulle qui n'a pas réussi à s'apparier, et qui reste à part... 

Alors que ne pas avoir accouché, c'est loin d'être nul... c'est même synonyme de pollution réduite sur la planète, alors un substantif a minima neutre serait plus que bienvenu !


Oublier les poétesses et célébrer les poételles

Marina Yaguello le faisait déjà remarquer en 1978 dans "Les mots et les femmes", le terme de "poétesse" est dévalorisant par rapport à celui de poète. Et pas seulement parce qu'il se rapproche de "pétasse".

Le suffixe en -esse, qui ne peut manquer d'évoquer les fesses, est forcément dépréciatif.

Sans compter que les sonorités de ce suffixe n'ont vraiment rien de poétique.

Alors... eh bien l'alternative existe déjà. Se revendiquer "poételle", voilà qui change tout... et qui donne des ailes à nos écrits et à nos oreilles...


Et si nous étions des écripavaines ?

Les femmes écrivent-elles en vain ? On serait tenté de le penser, parfois... 

Même si la parole et l'écoute concernant les violences faites aux femmes (et aux hommes, et aux enfants...) progresse, on est très loin du compte...

Alors, pour oublier le débat sur les auteures, autrices, auteurices... pourquoi ne pas revendiquer cette nouvelle profession ? Ecripavaine, cela vous pose une femme ! Elle peut même pavaner... comme toutes celles et ceux qui souhaitent attirer des lectrices !


Vos propositions ?

N'hésitez pas à les envoyer à yoniqueenpresents@gmail.com